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C’est la fête du blé, c’est la fête du pain,
Aux chers lieux d’autrefois revus après ces choses, (1)
Tout bruit (2), la nature et l’homme, dans un bain
De lumière si blanc que les ombres sont roses.


L’or des pailles s’effondre au vol siffleur des faux
dont l’éclair plonge, et va luire, et se réverbère. (3)
La plaine, tout au loin couverte de travaux,
Change de face à chaque instant, gaie et sévère.

 

Tout halette (4), tout n’est qu’effort et mouvement
Sous le soleil, tranquille auteur des moissons mûres,

Et qui travaille encore, imperturbablement, (5)
A gonfler, à  sucrer, là-bas ! les grappes sures. (6)

 

Travaille, vieux soleil, pour le pain et le vin,
Nourris l’homme du lait de la terre, et lui donne
L’honnête verre où rit un peu d’oubli divin…
Moissonneurs, vendangeurs, là-bas ! votre heure est bonne !


Paul Verlaine


définitions :


1 - après ces choses : l'auteur a écrit ce poème après avoir éprouvé des malheurs auxquels il ne peut s'empêcher de penser, mais qu'il ne peut désigner d'un nom précis.
2 - bruit : du verbe bruire

3 - se réverbère : l'éclair des faux plonge, disparaît et reparaît, comme s'il se réverbérait, se reflétait sur quelque surface plane

4 - tout halette* : du verbe haleter; on halette quand on accomplit un travail pénible qui force à respirer très vite

5 - imperturbablement : sans trouble, avec indifférence

6 - les grappes sures : avant d'être sucrées par le soleil, les grappes ont un goût acide désagréable

 

 

* dans le poème, le verbe est conjugué avec deux "t", de nos jours on écrirait halète

 

 

 

 

 

 

 

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