ACCUEIL | L'AGRICULTURE | LA VIE DE NOS CAMPAGNES (1932)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article de presse datant de 1932 nous explique la dure vie des ouvriers de la terre.

 


De tous côtés, on entend dire : la campagne se dépeuple, on ne trouve plus d’ouvriers agricoles, personne ne veut plus travailler la terre… Le fait, hélas est là et de récentes enquêtes ont montré, dans certains départements, des villages peu à peu désertés, dont les maisons croulent sans que leurs propriétaires cherchent à les relever, n’ayant plus personne à y abriter…
Devant cette constatation attristante, une question se pose : a-t-on fait tout ce qu’il fallait pour retenir aux champs ceux qui auraient dû y rester ?

La vie est dure à l’homme qui, sans souci des heures  ni du temps qu’il fait, peine à faire produire un sol souvent ingrat… De l’aube à la nuit tombée, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige ou que la chaleur soit suffocante, le rural donne un labeur incessant, et, quand, la journée finie, il rentre au logis, y trouve-t-il au moins ce confort normal que la ville prodigue ?...

Alors qu’au bout de leurs huit heures, l’employé, l’ouvrier, le fonctionnaire jouissent toujours chez eux de la lumière qui qui rend douces les soirées et, bien souvent de l’eau à profusion qui assure la santé, combien y a-t-il de villages à avoir réalisé ces améliorations ? Elles ne sont même pas exigées par les sociétés de crédit Immobilier et les caisses de crédit agricole qui, tout en facilitant l’accession à la propriété des petits agriculteurs, se contentent de leur demander un minimum d’hygiène.
Depuis quelques années, il est vrai, l’électrification a fait d’énormes progrès. Peu à peu, les agglomérations rurales les plus reculées arrivent à être éclairées et c’est déjà beaucoup.

Les adductions d’eau, en revanche, malgré toutes les facilités financières qui sont accordées par la loi pour leur établissement, restent fort rares (1), des départements entiers en sont totalement privés et n’en ont que quelques centres de pourvus : à l’heure actuelle, plus de 27.000 communes de France sur 37.963 ne disposent, pour s’alimenter, que de puits, de citernes, de marres malsaines ou de sources non captées…

Quoi d’étonnant, par suite, si la mortalité reste de 17,3 par 1.000 habitants pour notre pays alors qu’elle tombe à 9,8 en Hollande, où un effort considérable a été réalisé pour doter les campagnes d’eau pure à profusion.
Laissant même de côté cette face du problème qui a trait à la santé, un autre aspect n’en est pas moins saisissant Prenons un quelconque de ces 27.000 villages qui n’ont pas d’adduction d’eau et évoquons la vie journalière… Dès le matin, pour les soins de la toilette, si sommaires soient-ils, puis pour la préparation des repas, il faut tirer l’eau du puits. On y aura encore recours, maintes fois, pour la boisson des gens, pour le nettoyage de la vaisselle, pour mille soins du ménage, la lessive.

Veut-on à certains jours nettoyer l’érable, le poulailler, la porcherie ? Il faut pour cela d’interminables charrois, aller remplir des tonneaux plus ou moins étanches, parfois très loin. Au potager, fruits, fleurs, légumes meurent de soif, l’été, végétant mal sous l’implacable soleil. Pour les arroser , il faut cette même eau amenée à grand peine, et l’utiliser si parcimonieusement que rien ne pousse, si le ciel clément ne vient pas au secours du jardinier en envoyant de la pluie…(2)

Pour tout cela, sans parler de la fatigue, combien d’heures sont ainsi gaspillées ? Multipliez ce nombre d’heures par le chiffre d’habitants de tous les villages de France dépourvus d’adduction d’eau et chiffrez, au taux actuel du travail, leur prix de revient. Vous trouverez des centaines de millions, peut-être des milliards, absolument dépensés en pure perte.
La loi d’outillage national vient d’accorder 300 millions pour remédier à cet état de chose déplorable… Ces 300 millions permettront de réaliser des travaux dans un certain nombre de communes, et c’est un premier pas dans une voie qui doit aboutir à une transformation totale de la vie de nos campagnes.

 

 

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1 - Mon village de Bachy, dans l'aglomération de Lille (Nord) n'a été alimenté par un réseau d'eau potable qu'en 1962. le château d'eau avait été érigé en 1959. A la maison, nous avions deux pompes à main : une pour capter l'eau d'une nappe souterraine, l'autre pour avoir l'eau de pluie récupére dans une cuve enterrée (note personnelle).

2- à titre d'exemple, rappelez-vous Jean de Florette, dans l'œuvre de Marcel Pagnol, devant faire maints voyages pénibles pour ramener l’eau qui lui est nécessaire à ses cultures.

 

 

 

 

publicité de 1932

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Sur cette photo de 1989 on voit le chemin parcouru. De de nos jours, le mot "paysan" est presque devenu une "injure".

 

 

 

 

 

 

 

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